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Si Diabrotica passe la frontière, rien ne sera plus comme avant pour le maïs français.

Le coléoptère venu d’Amérique se nourrit des soies et panicules du maïs. Et surtout, ses larves attaquent les racines du maïs. Les moyens de lutte sont actuellement limités.

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Dégâts larvaires sur pieds de maïs (à gauche) comparés à un pied normal (à droite) :les plants atteints sont peu vigoureux, privés d’eau et d’éléments nutritifs. Certains versent.(Photo Site Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Ontario)

La monoculture du maïs est particulièrement visée.

Le maïs français pourrait se trouver bouleversé par l’arrivée de la Chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera virgifera). Quand les insectes causent des dommages économiques au champ, l’abandon de la monoculture du maïs au profit d’une rotation est souvent présenté comme le moyen de lutte le plus efficace (T R Hartman, Ministère de l’Agriculture de l’Ontario, Canada, division agriculture et affaires rurales). Les sociétés semencières comme Pioneer Hi-Bred, Dow AgroSciences ou Monsanto sont actives pour trouver des variétés résistantes, issues de la sélection conventionnelle, ou OGM. Des maïs OGM censés être résistants à la chrysomèle des racines ont déjà été testés en France en 2000. La recherche de nouveaux insecticides n’est pas en reste, pour améliorer l’efficacité des produits utilisés actuellement. T R Hartman (Ontario) préconise un traitement localisé en bandes d’au moins 15 cm de large ou dans le sillon, au semis. Mais la réussite dépend de nombreux facteurs : date de semis, matériel d’incorporation, nature du sol, conditions climatiques, molécule utilisée…

Un ravageur capable de contourner les moyens de lutte.

Diabrotica v. semble douée d’une grande capacité d’adaptation, qui complique la lutte, comme la résistance à certains insecticides. La société InterNutrition (Zurich, CH) cite des modifications comportementales du coléoptère, observées aux USA, lui permettant de survivre à une rotation maïs-soja. Un programme de recherche européen se propose d’étudier d’une part des rotations d’au moins trois cultures (comme maïs-blé-tournesol), d’autre part l’introduction des parasites naturels de la Chrysomèle mais aussi la perturbation de la biologie du coléoptère par des leurres olfactifs ou autres. Ce programme a démarré en 2001 pour aboutir en 2003. Un de ses points forts est de tenter d’utiliser harmonieusement ces différentes stratégies pour éviter l’apparition de résistances. Un laboratoire de l’INRA constitue l’une des 7 équipes de recherche (voir « L’invasion annoncée d’un ravageur du maïs », Le Figaro du 13 mai 2002). 


Larves : l’ennemi numéro 1 des cultures de maïs aux USA. (Photo Site Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation del’Ontario)

Ennemi numéro 1 du maïs aux USA, il conquiert l’Europe depuis 10 ans.

Diabrotica sp. est le principal ravageur du maïs aux USA. D’après InterNutrition, il « cause chaque année des dégâts pour 1 milliard de dollars aux USA. Chaque année, une surface de 6 millions d’hectares y est traitée avec des insecticides représentant 195 milliards de dollars ». 
Diabrotica a été découverte en 1992 près de l’aéroport international de Belgrade (Serbie) pour la première fois en Europe. Elle ne cesse de se diffuser depuis et a atteint la région de Venise (Italie) en 1998 puis Milan (Italie) et du Sud de la Suisse en 2001 (à proximité des aéroports de Milan et Lugano). Son arrivée sur le sol français est plus que probable. Les 31 pièges à phéromones disposés en France en 2001 dans les sites considérés à risques n’ont révélé aucune chrysomèle des racines du maïs. En 2002, une multiplication de ces pièges le long des autoroutes ou près des aéroports assure la surveillance. Une éradication semble illusoire.
L’EPPO (European and Mediterranean Plant Protection Organization) organise chaque année depuis 1996, en relation avec les chercheurs de l’Iowa (USA) un colloque consacré à la Chrysomèle des racines du maïs.
D’après l’EPPO, les conséquences économiques ne se font pas sentir dès l’arrivée du coléoptère sur un site, mais au terme de 5 à 10 ans, après multiplication du ravageur. Elles sont déjà apparues en Serbie, Croatie, Hongrie et Roumanie, mais heureusement sur une petite partie seulement des territoires conquis par le coléoptère. Par chance, les dégâts occasionnés n’ont pas toujours de conséquence économique ! Par contre, le Dr Sivcev estime pour la Yougoslavie un certain abandon de la monoculture de maïs et un recul de 30% des emblavements en maïs dans la zone infestée, depuis quelques années. 
La France n’a plus que quelques années devant elle, selon toute vraisemblance, pour trouver les meilleurs moyens de lutte.


Diabrotica virgifera virgifera adulte. A ce stade, les dégâts sont limités.(Photo Site EPPO)

La biologie de la Chrysomèle des racines du maïs :

Diabrotica virgifera virgifera (LeConte) : Coléoptère de la famille des chrysomélidés, dans une sous-famille comprenant également la chrysomèle rayée du concombre (principal insecte ravageur des cucurbitacées à l’Est des Rocheuses), la chrysomèle maculée du concombre et la chrysomèle des racines du maïs du Nord (Diabrotica barberi) .
A partir d’août, les adultes pondent les œufs, blancs et ovales de moins de 0.1 mm, d’autant plus nombreux que le sol est plus humide (optimum vers 18°C). Les larves se développent au printemps suivant, quand la température du sol atteint 10 °C ; un pH du sol de 7.2 à 8 leur est favorable, alors qu’en dessous de pH 6.8 des lésions apparaissent sur les larves. Après trois mues, les larves, blanches, mesurent 1.5 cm et se nourrissent des racines des jeunes maïs (dévorent les radicelles et perforent les plus grosses racines) pendant 3 à 4 semaines, jusque mi-juillet. Elles sont attirées par le gaz carbonique libéré par les racines. Les plants atteints sont progressivement privés d’eau et d’éléments nutritifs et sont peu vigoureux. La verse peut survenir dans le champ de maïs en cas d’infestation massive. Certains pieds prennent une forme en « col de cygne » en cherchant à se redresser. Les dégâts occasionnés par les larves sont de loin plus importants que ceux dus aux adultes et peuvent avoir des conséquences économiques.
Les larves deviennent adultes, coléoptères de 6 mm de long à carapace dure, jaune avec bandes noires longitudinales. Les adultes consomment des soies et des panicules de maïs et parfois de feuilles. Les pertes économiques liés aux adultes sont rares, ne surviennent que si la population d’adultes est importante au moment de la pollinisation, ce qui ne se rencontre qu’en cas de pollinisation tardive.

Source : Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Ontario, Canada

Michel Deraedt, Ingénieur-conseil BTPL
Juin 2002

Bibliographie Internet :

EPPO (Paris), anglais : 
http://www.eppo.org/QUARANTINE/Diabrotica_virgifera/diabrotica_virgifera.html
Ministère Agr. Ontario Canada, en français : 
http://www.gov.on.ca/OMAFRA/french/crops/facts/90-131.htm
Observations Onhttp://res2.agr.ca/ecorc/section1/corn/inv01-surv01_f.htmagr.ca/ecorc/secthttp://www.gwdg.de/~instphyt//index.shtmlres2.agr.ca/ecorc/sehttp://www.ent.iastate.edu/pest/rootworm/versité Göttingen, en allemand : http://www.ipm.iastate.edu/ipm/icm/indices/insectesandmites.html/index.shtml
Iowa State University (USA), anghttp://www.internutrition.ch/market/agrocult/btmais_f.htmlorm/">
http://www.ent.iastate.edu/pest/rootworm/
Iowa State University (USA), anglais : 
http://www.ipm.iastate.edu/ipm/icm/indices/insectesandmites.html

Société Internutrition (CH), en français :
http://www.internutrition.ch/market/agrocult/btmais_f.html

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